par Annik De Souzenelle
Le titre est de 3e Millénaire
(Revue Panharmonie. No 178. Septembre 1979)
2ème partie
Compte rendu de la rencontre du 10.5.1979
Après nous avoir parlé de la lettre Lamed « qui est cette information qui nous montre le chemin », nous abordons l’étude de la lettre MEM avec laquelle nous entrons dans la nécessité de franchir un autre plan de conscience, ce qui implique l’obligation de passer par une matrice.
La lettre MEM a pour valeur 40, elle est l’initiale du mot MAIM qui signifie « les eaux » et lorsqu’elle est en position finale, elle se dessine comme un carré.
L’hiéroglyphe primitif était tout simplement les vagues de la mer qui vont, par la suite, prendre des angles un peu plus aigus qui seront à l’origine du Mu grec, notre lettre M. Et, après être passée par différentes formes, environ deux siècles avant Jésus-Christ, elle finira par devenir carrée.
Qu’est-ce que Maim, les eaux ? Dans la Genèse il est dit qu’avant le premier jour Dieu planait sur les eaux. Planer est une mauvaise traduction qui ne fait que réduire à une image un mot qui a une profondeur inimaginable. En fait, il y a dans ce mot une activité de mère et de père. C’est un peu le mot qui fait penser à une poule qui couve ses œufs, qui recouvre tout un monde, un chaos primordial qui est l’œuf au départ et qui, couver, va former vraiment le poussin. Ce chaos primordial est en effet gros et lourd de toute la Création et l’Esprit de Dieu est là qui le réchauffe, qui lui apporte vie. En même temps, il y a nettement dans ce mot, le sens de pénétration qui aussi constitue l’œuvre paternelle, l’œuvre mâle. C’est pourquoi l’Esprit ne peut être réduit ni à un rôle féminin, ni à un rôle masculin, il est en deçà.
Ces eaux sont essentiellement une matrice. Lorsqu’une mère porte un enfant dans son ventre, elle reconstitue ses eaux primordiales, car le liquide amniotique dans lequel baigne l’enfant, a la même teneur que l’eau de mer. Et celui qui doit être le maître de ces eaux matricielles c’est Yod, les eaux sont grosses de Yod.
Dans le deuxième jour (jour symbolique) de la Création, Dieu sépare les eaux d’en haut qui sont appelées le MI, le monde archétypique, principiel, incréé, des eaux d’en bas qui sont appelées le MA, le monde créé, le monde de la manifestation, celui auquel nous appartenons. Et tout aussitôt que Dieu eut séparé ces eaux, Il les relie comme en témoigne le mot « SHAMAIN », l’étendue, c’est-à-dire qu’elles sont séparées et pas séparées, ce qui est encore une de ces contradictions fondamentales.
Le mot Shamaïn est fait de ce même Maïm avec en plus la lettre SHIN que nous étudierons plus tard et qui contient, qui symbolise, la réserve énergétique qui se trouve dans les profondeurs de la Création et dans les profondeurs de chacun de nous, réunissant le monde des archétypes et le monde de la manifestation en nous. La lettre SHIN est la charnière du monde d’en haut et du monde d’en bas.
Nous avons donc en nous aussi bien le MI que le MA, le Maïm tout entier. Nous sommes constitués d’un germe du monde divin et de cette réalité manifestée, l’un étant gros de l’autre. Voyez le mot Elohim, il contient le Mi et le mot Adam qui contient le Ma. Or IM c’est le MI retourné, c’est Elohim, l’Homme d’en haut, et le MA retourné, AM, c’est ce que les Hébreux appellent l’Homme d’en bas, Adam. C’est cet Adam qui est en nous tous, c’est l’humanité toute entière, cet Adam gros du Divin, du Yod, qu’il doit mettre au monde.
Le tracé du Yin et du Yang du Tao en est une illustration parfaite. Et c’est dans ce sens que chacun des éléments de la manifestation n’a d’être, de couleur, de sens, de forme, d’énergie, qu’en tant qu’il est relié par ce cordon ombilical qu’il porte en lui à partir du germe qu’il est, à son archétype, lequel va lui permettre de le rejoindre. Tout le sens de notre histoire, à partir de notre naissance jusqu’à notre mort, c’est le retour du MA que nous sommes, au MI que nous sommes aussi dans la profondeur de notre être.
Pour réaliser cela il va falloir passer par des portes successives, par le Dalethqui est à la fois la porte et la lettre qui correspond au nombre 4, en harmonie avec le 40. Il n’y a de porte que s’il y a matrice, on ne pourra passer de porte que si on a acquis les énergies nécessaires pour la franchir, sans quoi le courant énergétique que nous allons rencontrer de l’autre côté de la porte, si nous ne le sommes pas devenus, si nous n’avons pas les structures nécessaires pour l’appréhender, nous tuera. C’est le rôle qu’assument tous ces Gardiens du Seuil.
Dans le mot Adam le Daleth est au milieu entre Aleph et Mem final. Alephdonne l’énergie à la matrice pour que l’homme soit en mesure de passer la porte, et si on enlève le Daleth d’Adam, il reste le mot EM qui veut dire « la mère ». Non pas que l’Adam que nous sommes soit essentiellement féminin, nous sommes tous masculin et féminin, mais sa fonction principale, celle qui est inscrite dans son être et qui constitue et son être et son devenir, c’est sa fonction d’engendrement de lui-même en lui-même, pour passer par les portes successives et pour atteindre à cette croissance à laquelle il est appelé au départ quand Dieu lui dit : « Croissez et multipliez ». Ce sont ces portes par lesquelles il doit passer.
Toute notre vie va consister à entrer dans des matrices, en commençant par la première porte que passera l’enfant dans le ventre de sa mère. Puis ce sera celle du foyer de ses parents duquel l’enfant va sortir pour constituer sa propre matrice familière à l’intérieur de laquelle il aura à faire tous ses engendrements intérieurs. L’homme doit prendre conscience de la nécessité de ces enfantements intérieurs et ce ne sera que lorsqu’il acceptera les paliers successifs par lesquels il a à passer, qu’il deviendra vraiment homme.
Entrer dans ces matrices successives, c’est entrer dans des matrices d’épreuves, douloureuses ou non, selon que nous ayons pénétré dans des plans de conscience qui nous feront comprendre ce qui se passe.
Et même si l’expérience devait être difficile et douloureuse, petit à petit nous accéderons à de nouvelles terres symboliquement, nous entrerons dans une intelligence plus vécue, plus profonde des événements. Nous ne donnerons plus le même poids à nos épreuves, parce que quelque part, en nous, quelqu’un sait ce qui se passe. Ces matrices vont donc être liées à la qualité de notre espace-temps intérieur.
Lorsque la lettre MEM est venue se présenter devant le Saint-Béni-Soit-Il, Celui-ci l’avait renvoyée parce qu’elle préside au mot Melek, le Roi, et qu’il ne fallait surtout pas qu’elle quitte sa place, car elle assumait là une des plus hautes fonctions. En effet, qu’est-ce que le Roi ? C’est atteindre cette royauté que nous sommes, car nous sommes tous des rois dans la profondeur de notre être, la seule royauté juste étant la royauté intérieure. Nous avons actuellement à de rares exceptions près, abattu les rois extérieurs, sans pour autant avoir été capables de chercher le roi intérieur. Nous n’avons plus de structures extérieures et pas encore de structures intérieures. Il est plus que temps que nous mettions au monde ce roi intérieur pour atteindre notre royauté. A ce moment alors nous toucherons la vraie Réalité (Réel = Roi), nous l’expérimenterons et nous la vivrons totalement. En ce moment nous vivons une petite réalité qui n’a rien à voir avec la vraie.
Si nous mettons à l’intérieur du mot Maïm la lettre Reich, nous obtenons le nom de Myriam, Marie pour nous, nom d’une très grande beauté parce que formé par le mot Maïm. Myriam est celle qui fait en son nom la jonction du MI et des épousailles du Roi. C’est dans ce sens là que la Vierge est essentiellement mère, ce qui nous aide à comprendre l’apparente opposition de la virginité et de la maternité, notion qui n’a rien d’intellectuel et qu’on ne peut approcher qu’à travers cette réalité là. C’est la Vierge d’Israël, celle qui attend l’époux, le Roi, et qui va pouvoir mettre au monde le Yod.
Les épousailles archétypales sont des épousailles du père et de la fille. Epouser le père, c’est épouser la source. Ce n’est que lorsque l’humanité, chacun de nous, hommes ou femmes, aura mis au monde le Yod, qu’elle pourra épouser le père. A ce niveau archétypal l’enfantement précède le mariage.
Le nom Adam contient tout une alchimie, puisque ED que nous avons vu avec le Aleph et le Daleth au début de la Genèse, représente la vapeur, l’eau. C’est l’énergie. Et avec le mot DEM, nous avons le sang qui, lui, avec des maternités successives se transforme en esprit, en porteur d’esprit, l’homme doit devenir cet esprit, ce porteur de lumière. C’est l’A profilé dans le nom d’Adam.
Prenons à présent le mot DAMAH, la ressemblance. L’homme est créé à la ressemblance et à l’image de Dieu. Le MEM est au milieu de ce mot, il en est le cœur. Or par ces engendrements successifs l’enfant à sa naissance ressemble à son père et à sa mère par la loi même du sang. Mais ce qui nous intéresse, ce n’est pas cette ressemblance, mais celle avec son père et sa mère archétypales. L’homme créé à l’image et à la ressemblance a toutes les énergies nécessaires pour y atteindre, c’est-à-dire pour entrer dans les épousailles intérieures. Et c’est cette loi du sang qui préside au départ, qui est porteur de l’esprit. Ce sang va permettre à l’homme de passer de la famille à la famille de l’esprit, chacune de ces familles ayant un temps différent. Et quand la famille par la chair n’est plus très synchronique, l’être cherche sa famille par l’esprit. Et il va passer par des matrices successives jusqu’à atteindre la ressemblance parfaite.
Au moment où Elie monte sur la montagne — Elie est un des hommes les plus proches de son devenir Yod-Hé-Vov-Hé — il cherche à écouter la voix divine. C’est très important, car celui qui entend, qui écoute, parle. Celui qui entend le Divin devient parole divine, devient Verbe. Et quand Elie monte sur le Mont Horeb il y a d’abord un tremblement de terre. La voix de Dieu n’était pas dans le tremblement de terre. Il y eut alors un grand vent. La voix de Dieu n’était pas dans le grand vent. Puis il y eut des éclairs, l’orage. La voix de Dieu n’était pas dans l’orage.
Et enfin, il y eut un « silence parlant » et c’est dans ce silence que Elie entendit la voix de Dieu. Et là il atteignit la ressemblance. Cette immense évolution du prophète Elie se retrouve d’ailleurs très mystérieusement dans la personne de St Jean le Baptiste. Le Christ dit de lui : « Il es cet Elie qui devait venir ». Il est le précurseur, comme l’est Elihu dans le Livre de Job, comme encore dans d’autres passages de la Bible qui sont d’une beauté extraordinaire. Et quand on ne décèle pas cela avec les lettres hébraïques et les nombres, on passe à côté. Ce « silence parlant » est encore la contradiction, car nous sommes là dans une autre dimension, celle du dépassement de la contradiction.
Revenons au mot Guimel qui s’écrit Guimel-Mem-Lamed. Le Mem est au milieu. Le chameau (Guimel) va passer par des portes successives dont la dernière est le trou de l’aiguille de l’Evangile, quand le Christ dit : « Il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille ». Ce « trou de l’aiguille », est la lettre Tav, la dernière porte avant d’entrer dans le Royaume des Cieux.
Le chameau, celui qui traverse le désert, va nous faire passer de matrice en matrice et Lamed signifiant libérateur, le chameau sera celui qui nous libère en nous faisant passer ces portes successives. En même temps Guimel, avec ses deux lettres Mem et Lamed, forme le mot MOUL qui signifie circoncision. Il n’y a pas de plénitude sans circoncision, car entrer dans la matrice, c’est se circoncire, c’est accepter ses limites. Nous reverrons cela avec le nom de Joseph, Youseph. Le verbe Yaphet veut dire augmenter, alors que Soph signifie limite. On ne peut augmenter qu’en entrant dans ses limites. Le Divin se fait limite, Il entre dans la prison du temps et de l’espace pour nous libérer et plus tard Joseph d’Arimathie veillera sur les limites du tombeau.
Ne pas vouloir se limiter, c’est ne pas accepter l’engagement qui, par l’ascèse qu’il préconise, produit une maturation un enrichissement, une nourriture. Il y a naissance.
Avec le mot DAG nous sommes devant les deux lettres Mem et Lamed, 40 et 30, qui sont les homologues de Daleth, 4, et de Guimel, 3. Dag veut dire le poisson, le germe qui est la toute possibilité. En retourné, c’est le mot Gad, le toit de la maison, le fini, le contrepoint du germe.
Le germe peut être comparé à la pierre de fondation qui contient la maison toute entière et qui veut aussi dire « bonheur ». C’est probablement la racine du mot latin « gobis » je me réjouis. Il n’y a de joie que s’il y a aussi finition de la maison et il n’y a finition de la maison que s’il y a, a priori la circoncision. De même que le 3, la vie, et le 4, les structures, ne doivent jamais se séparer, le 30 et le 40 ont toujours besoin l’un de l’autre. D’ailleurs ils ne se séparent pas puisqu’ils forment le mot Malek.
Malo, avec le Aleph final, veut dire « remplir ». Les deux premières lettres rendent compte de la circoncision, la dernière, le Aleph final, du couronnement, du mariage. Si on veut remplir, il faut passer par la circoncision. C’est le mot qui est employé dans la Genèse lorsque Dieu dit à l’homme non pas « Croissez et multipliez », la traduction est mauvaise, mais « croissez, multipliez-vous et remplissez la terre ». C’est le mot Malo, c’est croître, se multiplier dans tous les dons divins dont nous sommes faits, ce craquement de la grenade rouge d’où jaillit l’eau. C’est la plénitude de la connaissance.
Il est aussi intéressant de rappeler le mot « Maboul » qui veut dire « déluge », toutes ces énergies qui ne sont plus en rapport avec leurs archétypes et qui n’obéissent pas aux lois principielles. C’est la loi de la jungle. Nous sommes actuellement dans un déluge. C’est à nous de choisir si nous voulons nous laisser engloutir par les eaux ou si nous voulons construire notre arche. Et pour ce faire il faut passer par des tailles, Mem, Lamed, pour donner des fruits. Le mot BOUL, c’est la taille de l’arbre. Dieu dit : « Je ne laisserai pas mon esprit à ne rien faire indéfiniment dans ce monde, je vais commencer à travailler ce monde ». C’est le commencement du grand barattage. Les traducteurs disent : « C’est la fin de toute chair », alors qu’au contraire, c’est « l’accomplissement de toute chair approche ». Cela n’a rien à voir ni avec une fin, ni avec des malédictions. Alors choisissez, ayez confiance. Ou vous faites toutes ces épousailles avec vous-même pour entrer dans cette dimension du Divin que vous êtes appelés à devenir, ou bien vous vous laissez engloutir.
En réponse à une question : Il n’y a pas contradiction entre la nécessité d’entrer dans des matrices dans lesquelles il faut rester et le danger que représente l’installation. La notion du temps s’introduit là. Il n’y a pas d’espace sans temps, c’est la même réalité. A chaque niveau de conscience correspond un temps et à chaque niveau de conscience correspond aussi un arrêt qui va permettre d’acquérir les structures du plan de conscience suivant que nous allons avoir à atteindre en passant une porte.
Mais la durée de ce temps qui va présider à cette gestation est limitée et tributaire de la qualité du plan de conscience que nous sommes en train de vivre.
Il y a un moment où la naissance doit se faire. Le danger de ne pas vivre sa naissance est celui de s’installer. Sur le plan biologique l’enfant, si nous admettons qu’il ait une conscience et qu’il refuse de naître, trouvera la mort. Il est très important qu’il naisse au bout de neuf mois. S’il naît trop tôt il ne sera pas viable. C’est la même chose pour la période d’installation dans le foyer des parents. Il est nécessaire d’y séjourner un certain temps pour que les parents soient là pour aider leur enfant à passer son adolescence si difficile, et pour l’accompagner pendant cette gestation. Après quoi il devra en sortir pour passer aux gestations intérieures auxquelles va présider cette même loi.
On va faire des expériences d’une qualité extraordinaire et on n’aura nullement envie d’en sortir. C’est une tentation terrible. Le temps est la loi la plus fondamentale qui soit.
François : La limite elle-même forme un espace.
A. de Souzenelle : Donc un temps. On retrouve cela dans beaucoup de mythes. Il faut dix années avant que Thésée aille affronter le Minotaure. Cela représente également une porte à passer. Il en est de même pour le séjour de Noé dans l’Arche. Lorsque la colombe qui indique le temps ne revient pas, Noé sait qu’il doit quitter l’Arche. S’il n’en sort pas, il meurt. Ce n’est que lorsqu’on a obéi à tous ces espace-temps, qu’on dépasse le temps. Et le psalmiste chante alors : « Il n’y aura plus ni jours, ni nuits (symboles de l’espace-temps), car Yod-Hé-Vov-Hé, aura rejoint la lumière à toujours ». L’homme, devenu Yod-Hé-Vov-Hé, aura rejoint les archétypes, il aura complètement dépassé la dualité espace-temps.
Compte rendu de la rencontre du 14.6.1979
Nous nous étions arrêtés au NOUN qui s’écrit avec un petit crochet supplémentaire en bas, qui revient sur la gauche, ce qui le distingue du VAV, et qu’il ne faut pas confondre avec le BEITH dont les deux barres horizontales sont beaucoup plus prononcées. Le Noun est l’initiale du mot NOUN qui s’écrit avec un Vav au milieu, servant de voyelle pour exprimer le ou, puis avec le Noun final qui s’écrit comme un Vav prolongé.
L’hiéroglyphe primitif est un petit poisson qui se stylise beaucoup et devient un petit ver qui est à l’origine du NU grec et de notre N. Il est alors beaucoup plus le mouvement du poisson que le poisson lui-même.
Cette lettre a pour nombre 50, symbole d’une totalité. Le poisson est en effet le germe. Dans le ventre de sa mère l’enfant est encore au stade poisson, mais il contient l’homme tout entier. 50 est un nombre que nous connaissons bien, la Pentecôte n’est autre que la pesta qui se situe cinquante jours après Pâques, c’est la totalité de l’Œuvre alchimique, c’est la descente de l’Esprit-Saint, c’est la puissance du Verbe. Les Apôtres parlent une langue que tous comprennent, la langue mère originelle qui est créatrice.
La Pentecôte juive, le Schabouoth, comprend sept semaines, donc 49 jours. Cette fête juive date de la plus haute antiquité, elle aussi est très importante.
On retrouve les 52 jours dans le mythe grec des Argonautes partant à la conquête de la Toison d’Or, de leur totalité définitive. 50 + 2 est un nombre, nombre qui se retrouve dans tous les jeux de cartes. Il nous indique encore la Vérité. D’ailleurs, le mot KAL avec le KAPH et le LAMED a pour valeur respective 30 + 20 = 50. Il veut dire « tout ».
Avec le mot « MI » nous avons aussi le 40 + 10, le monde des eaux d’en haut, dont tout procède. C’est l’unité totale qui va s’exprimer dans le MA, les eaux d’en bas, pour l’enrichir en vue d’un retour à l’unité totale.
Il est très mystérieux de constater que ce monde divin, totalement riche, va encore s’enrichir. Nous ne pouvons méditer le monde divin qu’à travers cette antinomie qui est mouvement et non-mouvement. Si nous nous arrêtons à un de ces deux pôles, nous le nions, car s’il est mouvement, il est imparfait et s’il est non-mouvement, c’est la mort. Ce sont les deux pôles d’une même réalité.
Ce germe, ce poisson, est aussi le symbole du Christ par lequel le représentaient les premiers Chrétiens. Le Christ ouvre aussi l’ère des Poissons.
Une question : Y a-t-il un ou deux poissons ?
A. de Souzenelle : Cette conception est parfaitement hérétique par rapport à la théologie chrétienne. Elle est chère à Steiner qui voit dans le baptême du Christ la disparition d’un premier poisson qui serait sa nature humaine. Il ne serait devenu Fils de Dieu qu’après son baptême. En astrologie, il y a deux poissons avec le retournement des énergies. C’est une totalité, le dernier signe du zodiaque, celui qui les récapitule tous. Il forme une unité qui va repartir dans un cycle plus grand.
Nous nous étions arrêtés l’autre jour au mot NAGOD qui est l’illustration la plus belle de l’idée du poisson. La racine Nagod veut dire « communiquer » et aussi « face à face ». Nous la retrouvons dans le face à face d’Adam et de celle qu’on appelle « ISHA », la femme, au moment où Dieu la lui présente, car il ne s’agit pas du tout de la création de la femme par rapport à l’homme. Adam — et nous le sommes tous — est féminin et masculin à la fois.
Cette prise de conscience du féminin en lui sera la prise de conscience de tout son monde intérieur qui n’est pas encore épousé. De même que dans la Genèse chaque jour est mis à la lumière, à la lumière lourde de la ténèbre dont elle procède et qu’elle porte en elle ; chaque jour de la création va être la mise à la lumière de telle ou telle ténèbre et va être lourde de tous les jours précédents qui rentrent dans les ténèbres. De même aussi Adam, au sixième jour, avec les animaux, c’est-à-dire avec ses énergies immédiates, est lourd des jours précédents qu’il porte en ses structures profondes. Et Isha est une perspective de profondeur de son être qu’il va conquérir. Isha est celle qui pourra communiquer avec lui. C’est à ce moment que dans la Genèse le mot Nogod est prononcé.
Si vous coupez ce mot en deux, deux mots sont face à face, d’une part leNoun, le poisson et d’autre part le Gad qui est aussi le poisson. Nous ne pouvons donc communiquer vraiment avec nous-même que de poisson à poisson, de germe à germe, dans les profondeurs de notre être.
Ainsi que nous l’avons déjà vu, Gad retourné donne Dag, le bonheur. Gad est aussi le juste rapport du 4 et du 3 (Guimel et Daleth), dont la somme est 7 et la multiplication 12, deux nombres très importants.
Nous trouvons tout ce symbolisme dans le voyage de Job dans les ténèbres où il va rencontrer le « crocodile » qui est le Léviathan, et dans le mythe de Tobie et de sa rencontre avec le Dag Hagadol, le grand poisson.
Pouvoir communiquer de poisson à poisson, c’est communiquer avec les profondeurs de son être et avec des personnes du même niveau de conscience. Le drame actuel de l’humanité c’est qu’elle n’a plus la communication avec elle-même et ne l’ayant plus, elle ne l’a plus avec les autres. Découvrir cette communication profonde, c’est à la limite, communiquer avec le Divin.
Tous ces hommes qui ont fait l’expérience des grandes profondeurs, sont très proches du Noun : Noé qui n’est autre que Noha, c’est-à-dire le Noun et leHeith. Dans le mythe du Déluge la terre a été submergée. Il y a peut-être eu un cataclysme extérieur, nos énergies dont nous sommes tellement inconscients ayant eu pouvoir sur nous et nous ayant submergés.
Au sixième jour Adam est identifié à toutes ces énergies que représentent les animaux. C’est-à-dire qu’il est sur le même plan de conscience qu’eux. Pour les dominer, les contrôler, il est obligé de se dissocier d’eux et de les nommer. Ce sera là son premier champ de conscience. A partir de ce moment-là il a déjà vaincu, épousé le premier jour. Et puis, après cela, il est mis à l’épreuve du fameux serpent qui vient le tester pour voir s’il peut aller plus loin. Et c’est le drame de la chute, il est renvoyé au sixième jour, avant qu’il n’ait nommé ses énergies.
Identifiés à nos énergies, n’en ayant pas conscience, elles ont pouvoir sur nous et c’est le déluge.
Si nous voulons recommencer l’opération divine ratée par l’homme à la suite du drame de la chute, nous avons pour tout premier travail à faire venir devant nous ces animaux du sixième jour et de les nommer, de les intégrer. C’est là où nous retournons les énergies.
Voilà ce que signifie Noha. Il va affronter toutes les barrières, il va mourir à un état de conscience pour ressusciter à un autre. Retourné, le nom de Noha c’est Hen, la grâce, la miséricorde divine, celui qui console, qui conduit. C’est aussi le nom de Anne, aussi masculin que féminin. Ce sont des femmes qui ont trouvé grâce devant Dieu.
A la naissance de Noé son père prophétise : « C’est celui qui me consolera de tous les maux de la terre ! ». Consoler, c’est le mot « NAHOM ». La consolation c’est le nom de Noé, le nom qui donne l’énergie, la vocation, il est celui qui va conduire l’humanité vers de nouvelles prises de conscience. Et le mot conduire, c’est NAHO, le guide que sera Noé, qui, lorsqu’il sortira de l’Arche, redevient cet Adam d’avant la chute.
Un autre personnage important de la Bible, c’est Jonas qui s’écrit Yod, Vav, Noun, Heith. Il entre pendant trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson : Dag Hagadol. Il est d’ailleurs comparé au Christ qui reste trois jours et trois nuits dans le ventre du tombeau pour cette immense mutation du corps de chair ressuscitant au corps glorieux.
Le nom de Jonas est d’autant plus intéressant qu’il est le nom de Yod-Hé-Vov-Hé dont le deuxième Hé est remplacé par Noun. Jonas veut aussi dire « la colombe » qui est une expérience de lumière. Un des Hé du Tétragramme n’est pas encore complètement accompli et c’est pourquoi il doit faire l’expérience des ténèbres dans le ventre du poisson. Il se refait germe, petit enfant.
Si je me souviens bien, Job est le fils de Noun, il a lui aussi dans sa vocation de vivre cette dimension du poisson. Fils de poissons, c’est le poisson lui-même qui doit accomplir un niveau plus haut encore.
Le mot Jourdain en hébreu c’est YARDEN. C’est le fleuve qui est véritablement nord-sud. C’est dans le Jourdain que Jean-Baptiste baptisait, que le Christ a été baptisé et les Evangiles disent que le Christ est descendu dans le Jourdain. Et ceci est écrit dans le nom Yared qui signifie descendre. Le Christ descend dans la situation du poisson, il se fait poisson.
Nous ne pouvons pas monter dans les hauteurs si nous ne descendons pas dans les profondeurs.
La tradition juive dit qu’il y a sept cieux en haut et sept enfers en bas. Ce sont les deux pôles d’une même réalité qui sont les sept jours de la Création. Nous ne pouvons dominer sur, qu’en descendant dans… C’est une réalité que nous allons trouver sous une autre forme avec le nom de Michel. La racine MACHOL en hébreu veut dire : se faire semblable à… C’est un autre aspect de la même réalité. C’est aussi rentrer dans… pénétrer, pour dominer. On ne domine pas en se heurtant. Dans les jeux martiaux des Orientaux, on ne va pas contre l’autre, mais on va prévoir le geste de l’autre pour pouvoir le déséquilibrer ; entrer dans son geste. Il en est de même à tous les niveaux.
Un autre mot important est « ANI » qui veut dire « moi », « je ». De quoi ce mot est-il fait ? Il a la puissance de l’Aleph, il y a le poisson et il y a la naissance totale qui est le Yod. Le but de l’humanité, c’est d’entrer dans cette puissance que profile le Yod, c’est-à-dire Yod-Hé-Vov-Hé. C’est la puissance créatrice divine qui descend dans le poisson que nous sommes chacun de nous. C’est le « Soi » en langage moderne, cette dimension essentielle de l’être, sa programmation. C’est ce germe que j’appelle le « son-germe », car nous sommes créés par le Verbe.
C’est aussi l’anagramme d’Ayin, la toute première énergie divine énoncée, mais totalement inconnaissable, insaisissable, « le rien » qui est dans la grande ténèbre du premier jour. Notre moi, notre je, procède de ce Rien divin. L’Ayin, dans l’Arbre des Séphiroth est la première Séphirah, tout en haut, la couronne, nommée, mais pas connue.
Lorsque la lettre Noun s’approche du Saint-Béni-Soit-Il, elle fit valoir qu’elle était en tête des mots NORAH, crainte et NAVAH, beauté. Et Dieu répond : « Retournes à ta place, car c’est à cause de toi que le SAMEK est retourné à la sienne et appuies-toi sur lui, car il est dit : Yod-Hé-Vov-Hé soutient tous ceux qui chancellent. Chanceler, tomber, c’est le mot NAPHOL. Ceux qui tombent sont les NAPHELIM, les faibles. Naphol est entièrement constitué par la racine PHOL que nous retrouvons en anglais dans « to fall » et en allemand dans « fallen », parce que le Noun est faible, il est encore un petit garçon. Et souvent nous verrons ce Noun disparaître pour l’arrivée de Yod.
Le Samek, la lettre qui suit et que le Noun ne doit pas quitter, le soutient. Mais ce soutien doit un jour disparaître pour que le germe — comme il en est aussi pour les enfants et pour leurs parents — devienne lui-même l’arbre qui soutiendra d’autres. Alors dans la Bible les Nophélim sont appelés « les géants ». Ce sont les faibles qui sont devenus forts, parce que ce sont eux qui commencent l’élaboration du mot « poisson ». Le géant, à l’instar de Goliath, est ce faible qui se croit fort. Nous ne pouvons devenir forts que si nous acceptons d’être faibles.
Les forts, ce sont le GEBOURIM, ce sont eux qui acceptent d’être faibles pour devenir forts. Les fils de Dieu qui épousent les filles des hommes, c’est la conscience qui s’éveille et qui épouse le féminin de l’humanité. Cela n’a rien à voir avec les héros de l’humanité.
Le SAMEK est une lettre un peu coquine, parce qu’elle ressemble au Mem final. Elle a pour valeur 60 et signifie « l’appui ». Elle s’écrit avec un Mem et un Kaph final. Homologue du Vav, 6, que nous avons rapproché du sixième jour, celui de la création de l’homme. Rappelez-vous que le Vav est une conjonction. C’est la colonne vertébrale et, par rapport au cosmos, c’est l’homme en tant qu’il est la colonne vertébrale cosmique qui le lie à l’horizontale et, par rapport au ciel et à la terre, à la verticale. Il est le rapport. Les anciens l’appelaient le « microthéos » et le « macrothéos ». Notre vocation est d’être le juste rapport entre le haut et le bas, entre la droite et la gauche, c’est-à-dire avec chacun de nos problèmes, avec les événements, avec les choses, avec nous-mêmes, pour commencer.
Le Vav est donc cet « et », cette conjonction, il est celui sur lequel s’appuie la Création. Avec le SAMEK (60) nous allons trouver la même chose.
Son graphisme le plus primitif est un arbre, comme un petit arbre de Noël avec trois branches horizontales. Puis la base va disparaître et on distingue très bien les trois branches de l’Arbre des Séphiroth. Se stylisant, ce petit arbre va donner le sigma, le Xi grec et notre lettre X. Le 60 nous met devant l’arbre de notre corps. Ceci n’est pas vraiment dit, il est dit qu’il est notre appui, mais c’est l’Arbre des Séphiroth, notre colonne vertébrale dont les branches, encore faibles, deviendront fortes.
Quand le Noun est allé trouver le Saint-Béni-Soit-Il, il a reçu l’ordre de ne pas se séparer du Samek, parce que le Noun a besoin d’un appui. Le Nophelim a besoin de s’appuyer sur le 60 qui représente en quelque sorte l’adulte par rapport à l’enfant. C’est le mât du navire par rapport à la voile, la hampe du drapeau par rapport au drapeau, c’est le mot NES.
Dans le mot SOUSSE qui, comme en arabe veut dire cheval, nous nous trouvons devant deux Samek et nous avons le nombre 60 + 6 + 60, très proche du 666 qui est le nombre de l’Apocalypse. Vu de cette manière, le cheval représente le nombre de la Bête. « Mais, dit l’Apocalypse, que celui qui a l’intelligence pour comprendre, comprenne ! ».
Si 666 est le nombre de la Bête, il est aussi le nombre de l’Homme. Qu’est-ce que cela signifie ? A mon avis cela exprime que le 6, cet « et » ne veut pas aller au 7.
Il est la répétition, ce monde ennuyeux qui se répète toujours. C’est la chaîne du Samsara, c’est la banalité quotidienne. Le cheval est l’animal qui est tout entier dans ses jambes et nous pouvons dire qu’il représente la partie de nous jusqu’aux hanches. Il représente toute notre activité, perpétuellement en déplacement, qui va à droite, à gauche et qui comble le vide intérieur par des activités extérieures, pour acquérir. Acquisitions qui vont de la forme la plus grossière, matérielle, jusqu’aux acquisitions plus subtiles, par exemple celle des diplômes. C’est l’humanité qui est menée par son cheval et qui n’a pas encore fait la démarche lui permettant de le monter et ainsi d’entrer dans le 7.
Il y a certainement un autre niveau de lecture pour le 666. Nous le verrons avec le MEM final qui a pour valeur 600. Là nous entrerons dans un autre niveau de lecture, dans la notion de l’Homme qui commence à assumer le cavalier. Donc, si nous ne prenons pas les rênes, nous restons dans le monde de la répétition.
Le mot SAKOL est aussi extrêmement important. Il veut dire « fou ». SEKEL signifie le « cerveau ». Que veut dire cette racine ? Si nous reprenons leSamek comme étant l’appui vécu dans sa totalité, c’est-à-dire dans la conquête de notre colonne vertébrale, la folie est en réalité l’acquisition de la plus haute sagesse. Il ne s’agit pas du tout de la folie comprise à notre niveau de conscience. C’est l’homme totalement réalisé, l’homme total qui est un Dieu. Il est certain qu’il paraît fou à l’homme ordinaire, parce qu’il le gêne, il le dérange, parce qu’il n’agit pas comme tout le monde. C’est un homme qui a fait tomber toutes les barrières par rapport aux conventions sociales.
Le mot SOD est le « secret ». C’est l’homme qui dans son Arbre va ouvrir toutes les portes successives, qui va entrer dans son secret successif, dans son sacré successif. Et Yesod, une des Séphiroth qui est tout à fait à la base de la colonne vertébrale, et qui en est le fondement, est le secret du Yod. C’est là où le Yod commence à prendre naissance, c’est là que le germe commence à vivre et où nous allons le porter tout le long de notre colonne vertébrale jusqu’au Yod-Hé-Vov-Hé qui est la tête.
Le dernier mot que nous allons étudier est HESSED, la grâce et aussi la Grâce divine. Il s’écrit d’un côté avec le Heith qui est la barrière et le Daleth qui est la porte. La Grâce, c’est cette force qui nous est envoyée et qui va nous faire passer par toutes les barrières. HOD, les deux lettres qui cernent le Hessed, c’est la « fine pointe » par laquelle nous pouvons acquérir la Grâce, la fine pointe qui pénètre dans nos vies.
HESSED, c’est aussi le secret qui est caché derrière chaque barrière que nous avons à passer. Nous ne savons pas ce qui est de l’autre côté et nous sommes angoissés. De l’autre côté il y a le secret, le sacré, qui est toute la Grâce divine.
Compte rendu de la rencontre du 11.10.1979
On a perdu conscience, en Occident, de la lettre en tant qu’énergie, les lettres sont mortes, dévitalisées. Annick de Souzenelle, en donnant un enseignement sur les lettres hébraïques, a l’impression de contribuer à la revitalisation de la langue et à redonner leur force aux lettres qui sont des énergies vivantes. Quand nous parlons nous émettons des énergies dont les forces sont non seulement reçues par d’autres, mais qui sont des forces cosmiques créatrices en nous et dans le monde. Quoique les Hébreux aient oublié cette tradition, ce qui est le cas un peu partout, il nous est possible de communiquer avec elle en entrant dans le cœur de leur langue et de leurs lettres.
NAGOD signifie communiquer. Ce mot est composé de Noun et de Dag. Or Dag retourné donne Gad, le poisson. Nous sommes donc là en présence de deux poissons. La vraie communication se fait de poisson à poisson, dans le silence et dans les profondeurs où nous pouvons atteindre l’autre dans sa propre profondeur.
Le travail que nous faisons ici, dit Annick de Souzenelle, n’a rien d’un travail intellectuel, même si notre communication passe par des mots, car ces mots sont pleins de vie, ils nous forgent et nous sculptent.
Lorsque Dieu parle sur le Mont Sinaï, il est dit que les Hébreux voyaient la voix divine. C’est-à-dire que cette voix divine sculptait l’air comme elle sculptait leur chair. C’est le Verbe divin qui nous crée à chaque instant dans ce son primordial que nous sommes et qui fait vibrer tout notre être psychique et tout notre être spirituel, et qui vibre dans le monde. Et c’est pour cela que nous sommes co-créateurs. Nous continuons à tailler, à ciseler le monde comme le dit le Sepher Yetzirah lorsqu’il parle des lettres qui sont taillées, ciselées, qui sont de véritables objets d’orfèvrerie. Cet objet de beauté vers lequel nous essayons d’aller, c’est toute la description de la Jérusalem céleste chez les judéo-chrétiens. C’est ce joyau que nous avons à élaborer à l’intérieur de nous, cette ville sainte que nous avons à construire et par laquelle nous ferons le monde.
Annick de Souzenelle résume ensuite l’enseignement qu’elle nous a donné depuis octobre 1978 sur les Lettres hébraïques et qui sont résumées dans les précédents comptes-rendus. Néanmoins, nous extrayons quelques passages de ce que nous a rappelé notre animatrice afin, pour les nouveaux venus, de donner les noms, valeurs et symboles des lettres déjà étudiées.
ALEPH : la tête cornue, les cornes qui sont les antennes par lesquelles nous recevons l’information. Cela explique qu’Aleph est aussi le chef, quel qu’il soit, l’époux, le prince, etc. Bien qu’elle soit la première lettre, on peut dire qu’elle se situe presque en dehors de l’alphabet, car elle est la charnière entre le créé et l’incréé. Elle est l’alpha et l’oméga. Sa valeur est l’unité, c’est-à-dire qu’on peut la comparer à un point qu’on est obligé de poser sans pouvoir le démontrer.
BEITH : valeur 2. Elle est en somme la première lettre de l’alphabet. C’est la maison, la réceptivité, c’est chacun de nous, c’est toute la création. Beith, par son altérité, nous indique que la Création est fondée sur le nombre 2. Nous sommes structurés dans la dualité qui n’a qu’un seul but : recouvrir l’unité d’Aleph.
GUIMEL : valeur 3. C’est le chameau. On peut dire que la distance qu’il y a entre Beith et Aleph est un désert. Nous sommes dans des jardins qui sont des déserts. Que sont ces jardins ? Ce sont tous les moments délicieux que nous vivons dans nos rapports humains. Mais ils sont artificiels par rapport au jardin dont ils sont le reflet, ils sont déserts. Pour ne pas être stoppés dans notre évolution, ils devront représenter des marchepieds que nous aurons à quitter afin de monter vers l’ultime jardin. Ce chameau va nous révéler la force que nous avons en nous pour appréhender cette marche, parce qu’il est tout à fait capable de traverser le désert sans aller chercher de l’eau à l’extérieur. Il porte son eau en lui.
DALETH : valeur 4, la Porte. C’est la limite, c’est l’épreuve, mais aussi l’invitation à passer cette porte, c’est-à-dire à passer d’un plan de conscience à un autre plan de conscience. Le Guimel (3) étant le mouvement, le Daleth (4) est la porte construite à l’aide de deux chambranles et qui est structurée. Il y a donc un juste rapport entre le 3 et le 4, le mouvement et la structure, l’un ne pouvant se passer de l’autre, ils sont inséparables.
HE : valeur 5, le souffle. C’est le souffle créateur, c’est la vie, c’est aussi le germe. Chaque être se définit selon la qualité de son souffle et du souffle qu’il reçoit. Il lui donne sa spécificité.
VAV : valeur 6, le crochet. C’est ce qui relie. Quand le Vav est seul, il est la conjonction « et ». Si Dieu créa l’homme le sixième jour, celui-ci arrivant à la fin de la Création, la récapitule en quelque sorte et représente la conjonction entre le créé et l’incréé. Il est la colonne vertébrale cosmique du monde. A partir de maintenant l’homme est appelé à passer au 7, 8 et 9 pour mettre au monde le Yod qui est le 10.
ZAIN : valeur 7, c’est une arme. Le 7 est un achèvement, puisque Dieu contempla son Œuvre le septième jour. Mais qui dit perfection, dit mort, car la perfection est l’immobilité. Elle demande à être rompue pour pouvoir passer à un autre plan, à une perfection supérieure, si l’on peut dire. Le Zain est la flèche qui traverse la tunique de peau pour amener l’homme à recouvrer enfin sa nature première.
HEITH : valeur 8, la barrière. Ce sera encore une épreuve. Sortant d’un champ magnétique, énergétique, l’homme va se trouver devant un autre champ. Aura-t-il acquis les structures lui permettant de l’appréhender? Ce nouveau « gardien du seuil » va l’obliger à chercher en lui les énergies nécessaires qui lui permettront de franchir cette barrière.
TEITH : valeur 9. C’est un nouvel achèvement, celui du Zain ayant été provisoire. Le Teith indique que tous les échelons de l’échelle de Jacob ont été montés. La fiancée a revêtu sa robe, elle est prête à recevoir l’époux. Teith est le bouclier qui prolonge l’épée, l’épée qui est le Yod, les Chérubins qui gardent l’entrée du Jardin d’Eden avec leur épée flamboyante. L’homme doit rentrer dans cet Eden, il doit se mesurer avec cette épée et devenir le Yod-Hé-Vov-Hé que nous vivons avec le nombre 10, c’est-à-dire avec le retour à l’unité qui est YOD, valeur 10.
CAPH : valeur 20 fait écho au Beith (2) étant aussi un contenant. La lettre Caph est comme un chakra, c’est un contenant d’énergie qui va peu à peu s’ouvrir.
LAMED : valeur 30, l’aiguillon. C’est l’instrument avec lequel le bouvier divin va conduire l’animal cornu que nous sommes, l’animal autant qu’il ait ses antennes dressées vers le Ciel dont il reçoit l’information. Non pas une information venue de l’extérieur, mais une information venant de l’intérieur.
MEM : valeur 40, la matrice qui est en même temps un arrêt, une porte, les eaux matricielles (Maim). Ce sont des eaux d’où l’homme doit sortir pour renaître comme Noé, afin d’entrer dans de nouvelles matrices successives.
NOUN : valeur 50, c’est le Poisson, le germe qui contient toute la promesse de son développement. Dans les quelques chromosomes réunis dans le ventre de la mère, il y a déjà l’homme tout entier. Le 50 implique une totalité. Mais le Noun étant un germe est très fragile et a besoin d’un appui, d’un soutien et ce sera le
SAMEK, valeur 60, qui sera le soutien, de même que le Vav, valeur 6, représente la colonne vertébrale. Il est le soutien qui permet d’aller jusqu’à l’Aleph final. Il est aussi le mât du navire, la hampe du drapeau.
Compte rendu de la rencontre du 8.11.1979
Nous abordons aujourd’hui, dit Annick de Souzenelle, la lettre AYIN qui a pour valeur 70. Mais avant de vous en parler, je veux rapidement rappeler la lettre qui lui correspond sur le plan des unités, le Zain qui a pour valeur 7 et qui est cette lettre qui a pour forme graphique un éclair, finalement un sabre. Comme je vous l’ai dit, le 7 est toujours lié à une perfection à atteindre et donc à une rupture nécessaire pour que la vie puisse continuer et pour que l’on puisse passer à un autre cycle, à un autre état. Le 7 en hébreu est Sheva qui signifie « rassasié ». Il ressemble au nom du dieu hindou Shiva qui détruit pour reconstruire avec les mêmes matériaux, qui détruit avec son seul regard tout ce qui ne ressortit pas de l’éternité.
La même idée fondamentale se retrouve avec le nombre 70, mais cette fois-ci vécue, expérimentée dans le corps de l’homme qui est toujours concerné dans le plan des dizaines. Nous avons vu le Yod qui est la main, qui est la main du potier : « Nous sommes l’argile et tu es le potier. Nous sommes l’ouvrage de Tes mains… » (Isaïe LXIV, 8), le Caph qui est le creux de la main, le Lamedqui est un peu différent, le Noun le germe dans la matrice et le Samek, l’arbre, c’est-à-dire la colonne vertébrale.
AYIN veut dire l’œil ou encore la source. Il y a toujours un lien entre deux significations d’un même mot, une même énergie. La valeur commune entre l’œil et la source se trouve dans leur jonction profonde, non pas dans le regard qui voit ce que nous voyons dans l’immédiat, mais celui qui va à la source, qui voit au fond de l’âme, qui va chercher toute cette fameuse réserve d’énergie qui est là en attente. Et allant à sa propre source, l’œil va à celle de l’autre, car nous sommes Un dans la profondeur.
Dans les hiéroglyphes égyptiens, le Ayin est représenté par un œil avec une pupille au milieu. Très vite stylisée elle donne un cercle, le O, ainsi que le zéro. Qu’est-ce que le zéro, le mystère du Zéro introduit par les Arabes ? C’est l’abîme de la source ou la source des abîmes, que nous retrouvons dans le Livre de Job. C’est l’œil des grandes profondeurs, l’ultime matrice de mort et de résurrection.
Ayin s’écrit avec un Zain, valeur 7, un Yod, valeur 10 et le Noun final, valeur 700. Le Yod est donc saisi entre deux 7. C’est le Yod-Hé-Vov-Hé qui se profile, c’est toute cette potentialité divine que chacun de nous porte en lui et qui est saisie entre deux lettres qui sont très inconfortables. Car chaque fois que nous voyons apparaître le 7, nous sommes à une plénitude, mais aussi à l’incertitude d’un nouveau plan à aborder, lequel, riche des plans précédents, doit marquer une progression nouvelle. Ayin est un mot qui contient un dynamisme qui ne permet pas de repos, c’est l’œil impitoyable qui perce toutes les profondeurs.
De même que la flèche du Zain transperce la tunique de peau, de même l’œil traverse tous les champs de conscience, nous obligeant à voir le monstre que nous sommes quelque part dans les profondeurs. Ce regard, tel celui de Shiva, perce tous les jours de la Création dont nous sommes tissés et toutes les tuniques successives dont nous avons été recouverts, jusqu’à plonger au-delà du premier jour qui est le grand Abîme, la grande ténèbre. C’est terriblement angoissant tant que nous n’avons pas acquis les structures nécessaires et c’est pourquoi il ne faut pas aller trop vite.
Il y a une dialectique entre le Ayin et le Aleph, la toute première lettre qui a pour valeur 1. C’est le tout premier jour et c’est pourquoi chaque réalité qui va suivre une descente, va être un nouvel Aleph.
La dernière fois nous avons vu la lettre Heith qui a pour valeur 8 et qui est la barrière, et le 9 qui est une autre barrière précédant le 10, l’unité, le nouveau champ absolu de conscience vers lequel va l’homme.
Ici nous allons vivre le 80, non pas comme une barrière, mais comme une résurrection. En fait, c’est un nouvel 1.
Nous allons maintenant trouver des clefs dans les mots où les deux lettres Ayin et Aleph vont jouer.
AV qui s’écrit avec un Aleph et un Beith veut dire « père ». Aleph pose la création et Beith établit la relation entre père et fille. Si nous remplaçonsAleph par Ayin, la prononciation sera la même, sauf que Ayin est une gutturale, mais la signification sera « le nuage ». Le nuage est ce qui nous sépare du Divin. Av écrit avec un Ayin, ce sont tous les champs de conscience qui nous séparent du Père. Ayin doit devenir Aleph.
Le mot RA est très important : Reich qui a pour valeur 200 et Ayin. C’est le mot qu’on traduit par « le mal » dans l’Arbre de la Connaissance dit du Bien et du Mal et qui, en réalité, est l’Arbre de ce qui est lumière et de ce qui ne l’est pas encore. Cela correspond dans notre optique à ce qui est conscient et à ce qui est encore inconscient, et que nous ne pouvons pas appréhender, étant encore dans les profondeurs.
Ra, c’est tout ce qui est en réserve en chacun de nous, dans l’autre et dans chaque élément de la création. C’est la réalité qui nous est encore cachée.
De même que le médecin devant son écran de radioscopie ne voit qu’un squelette, de même nous ne voyons que le squelette du monde. Et toute l’œuvre d’Ayin consiste à enlever les écrans qui nous séparent de l’ultime vision qui est Av, le Père.
Si nous ne nous préoccupons pas de Ra, cette réserve qui est symboliquement le féminin en chacun de nous, comme une femme délaissée se retourne contre l’homme, nos énergies joueront contre nous et nous détruirons petit à petit jusqu’à notre mort qui, dans le cas contraire, ne représente qu’un endormissement.
AOR qui est RA renversé avec, reliant les deux lettres, le Vav qui est la conjonction, le symbole de l’homme, signifie la tunique de peau. Dans la Bible il est dit qu’après que l’homme et la femme eurent mangé le fruit de l’Arbre de la Connaissance„ ils furent recouverts de la tunique de peau.
Ils ont mangé le fruit qui était encore dans la réserve et leur drame c’est d’avoir cru qu’ils étaient déjà arrivés au Père. Alors là ils ne peuvent plus aller plus loin et ils sont remis au point de départ, réidentifiés à cette réserve d’énergie du sixième jour et ils sont complètement dans la ténèbre. Cela n’a rien à voir avec une punition, c’est une mesure de protection qui leur permet de retrouver leur fécondité, car leur erreur les avait rendus stériles. Ils sortent de leur illusion, c’est la sortie de l’Eden.
Nous aussi nous avons à sortir de notre ténèbre et, telle la plante, faire notre percée au soleil.
Le même mot écrit avec Aleph au lieu d’Ayin, c’est la Lumière. C’est la réceptivité à la Lumière d’Aleph, mais aussi la résistance, car il n’y a pas de lumière sans qu’il y ait résistance afin de capter les rayons. De même lorsque je parle, il est nécessaire que quelqu’un m’écoute, sinon je parlerais dans le vide. Ce sont les épreuves qui nous permettent d’accéder à la Lumière.
Prenons le mot DAATH, écrit avec le Daleth, l’Ayin et le Tav qui est la dernière lettre de l’alphabet. Daleth est construit exactement comme une porte avec deux chambranles qui sont le 4 et le Lamed, le 3, le mouvement qui est au milieu. Daath est construit exactement de la même manière. C’est le mot qui veut dire « connaissance ». Nous avons les deux 4, mais le Lamedest remplacé par le Ayin. L’idée en est la même, parce que la connaissance ne peut s’acquérir qu’en passant par des portes successives. Le Ayin, ici, a pour tâche de traverser tous les champs de conscience, c’est le devenir de nous-mêmes.
De même qu’il y a une dialectique entre le 4, la structure et le 3, la vie et que, si les deux chambranles de la porte se resserraient trop ils étoufferaient la vie et il ne resterait plus que le mot Dath, la loi ; il y a la même chose avec Ayin. La loi est au service de la vie, elle n’est pas là pour la contraindre, mais au contraire, pour lui permettre d’accomplir son devenir. Avec Ayin, la loi est ontologique et doit être connue par celui qui veut travailler à son devenir.
Nous avons le mot HET, le temps. Le temps a été donné à l’homme pour arriver jusqu’au Tav ou à l’oméga, la dernière énergie à intégrer pour queAyin fasse son œuvre.
Le temps est différent pour chaque terre et au fur et à mesure que nous allons vers des terres successives, les temps vont être de plus en plus profonds. Cela n’a pas de sens d’employer les expressions « plus vite » et « moins vite », elles n’ont qu’un sens psychique.
Avec la lettre Zain je vous avais parlé du mot EZER que l’on trouve dans la Genèse et qui veut dire « aide ». Quand Dieu fait prendre conscience à l’homme des énergies dont est constituée sa première terre sous la forme des animaux qu’il doit nommer le sixième jour, il ne trouve pas « d’aide » capable de communiquer avec lui. Dieu emmène alors Adam dans un « sommeil profond » qui n’est autre que la descente dans le Ayin, descente à la source où il va rencontrer cette aide, c’est-à-dire son féminin qui est sa réserve d’énergies.
L’aide n’est pas quelque chose d’extérieur, c’est nous-mêmes, nous sommes notre propre objet de communication. Car le mot qui a suivi Ezer est Nagod, la communication, c’est la rencontre avec nous-mêmes dans les profondeurs. Nous devons nous faire germe, c’est-à-dire manier le Zain pour redescendre dans Ar ou Ra, notre réserve d’énergies.
Ayin c’est encore le « troisième œil », car la communication ne peut être qu’une totale information venant de l’intérieur. Ezer, l’aide, et Zera qui est formé des mêmes lettres, c’est permuter. Zera, c’est la semeuse. Nous retrouvons l’idée du germe. Quand Dieu dit : Faisons une aide semblable à lui… », c’est « allons chercher sa semence ». Ezer veut aussi dire « aider », mais c’est plus qu’aider, c’est apporter la vie grâce à ce travail.
ABOD qui s’écrit Ayin, Beith et Daleth veut dire « travailler ». Dans ce mot nous trouvons Av, le nuage et Daleth, la porte. Le travail consiste donc à passer la porte de tous ces écrans pour retrouver le Père. Hed, Ayin, Daleth, le temps nous est donné. Le travail extérieur doit faire écho au travail intérieur. Or, à l’heure actuelle, le travail extérieur est devenu un travail destructeur.
Lorsque je vous ai parlé de l’Arbre des Séphiroth, je vous ai dit que la toute première Séphirah tout en haut, au-dessus de Kether, n’est pas révélée. C’est le mot Ayin écrit avec un Aleph, c’est Ain Soph qui est le Rien-Lumière, c’est-à-dire l’infini. Nous avons aussi Ain-Soph-Aor qui est l’infiniment Lumière.Ayin qui, en haut, est le Rien, la source qui vient des hauteurs, est en bas la source qui vient des profondeurs. Elles se rejoignent, elles sont les mêmes.
Nous avons aussi le mot AZOB, libérer.
Regardons le mot EDEN, Ayin, Daleth et Noun final. Ce n’est pas un lieu confortable. Il est construit avec 70, 700 et puis 4. Autrement dit, c’est une porte, ce n’est pas un lieu où l’homme devait rester, mais où il recevait la Lumière avant qu’il n’en reparte. Or il est passé par la mauvaise porte, c’est là son drame. Il fallait qu’il en sorte pour faire son travail dans les profondeurs. Avant la chute, ce travail se faisait de façon harmonieuse et sans cette souffrance que nous avons, à lutter contre de continuelles pulsions de mort. « Mieux vaut la mort… » va dire Job. C’est cet état l’Eden, ce lieu qui est saisi entre deux 7 et qui nous propulse continuellement pour aller plus loin.
Il n’y a pas de vraie descente qui ne soit suivie de montée. Notre péché, c’est de désespérer quand nous sommes au fond de la fosse. C’est là qu’on n’a jamais été aussi près de la hauteur la plus grande.
Lorsque la lettre Ayin est venue se présenter devant le Saint-Béni-Soit-Il, elle s’était recommandée du mot ANAVAH qu’elle commençait : Ayin, Noun, Vav,Hé, et qui veut dire « la modestie », « la douceur ». Mais en fait, ce mot va beaucoup plus loin, parce que c’est le Ayin qui nous force à descendre vers leNoun, à nous refaire poisson. C’est cela la vraie modestie.
En même temps nous avons le mot NAVAH, la beauté qu’on ne peut réaliser que dans la forge des profondeurs.
Et le Saint-Béni-Soit-Il renvoie la lettre en lui disant : « Mais tu es aussi le commencement du mot AVAH, la destruction, tu ne peux pas présider à la création du monde ». En effet, le Ayin nous oblige à détruire pour reconstruire. Ce mot n’est absolument pas traduisible sans être trahi et c’est pourquoi quand la lettre Teith qui préside au mot Tov, le Bien, était venue se présenter devant le Saint-Béni-Soit-Il, Dieu lui avait dit : « Tu es bon, tu es bien, tu es beau, mais tu n’es rien par rapport au Tav que tu seras dans un monde futur ».
Ce monde futur, c’est le monde dans lequel ce Tov aura totalement réintégré le Ra, c’est-à-dire lorsque la Lumière aura entièrement intégré la Ténèbre. Et lorsque le Ayin aura été totalement épuisé dans les profondeurs, il deviendra Aleph, c’est la Lumière. Et à ce moment le Tov éclate et devient un tout autre Tov.
Question : Les textes anciens n’ont-ils pas été appropriés par les Hébreux ? Ne proviennent-ils pas d’une tradition plus ancienne transmise à travers Moïse ?
Réponse : Je fais toujours référence à la tradition historique de Moïse qui reçoit la Révélation sur le Mont Sinaï. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’ai pas charrié des connaissances acquises auprès des Égyptiens. L’Égypte était un creuset fantastique où se retrouvaient toutes les traditions les plus anciennes.
Le peuple hébreu est quand même un peuple privilégié dans la mesure où il est celui qui doit mettre au monde le Messie, le Yod. Dans la profondeur nous sommes hébreux. Le grand drame et le péché du Christianisme, c’est d’avoir refusé le monde hébraïque et c’est pour cela que, pour le moment, il n’est pas chrétien.
Il faut entrer dans la matrice pour naître. La connaissance, c’est « naître avec ». Le véritable enseignement n’est pas celui qui nous est donné de l’extérieur, c’est ce que Socrate découvrait avec la maïeutique. Nous portons la connaissance en nous, nous sommes des êtres parfaitement connaissants dans les profondeurs de notre être.
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