Par Bertrand Duhaime
Par attention, on parle de la faculté de centrer intentionnellement sa conscience, soit de la faire converger en un point précis ou de la concentrer sur un point précis, à l’exclusion de tous les autres, pour en capter ou en saisir la quintessence.
Dans les Traditions spirituelles d’Orient, particulièrement dans le yoga, le développement de cette faculté occupe une large place de l’enseignement et de la pratique, notamment dans la méditation et la contemplation. Les Bouddhistes la considèrent comme le noyau du temps. Elle confère toute sa force à la créativité personnelle. En fait, un être se rend présent à ce que son attention retient, à ce sur quoi elle se fixe. Il ne fait qu’un avec son attention. Si celle-ci est fragmentée, il se fragmente lui-même; si celle-ci se porte sur son passé, il devient ce passé. Mais si celle-ci se fixe sur l’instant présent, il entre dans l’éternité, devenant la Toute-Présence de Dieu, permettant à la Toute Puissance d’agir à travers lui.
L’attention consiste à mettre son regard ou ses facultés intérieures en disponibilité à la Conscience supérieure. C’est un état d’alerte ci grandit en raison directe de sa capacité de se détendre. Par cette disponibilité, la conscience parvient à se concentrer sur une seule idée ou une seule sensation, ce qui constitue le premier par vers la créativité. L’aptitude d’attention détermine donc le succès personnel d’un être. Écoutons des Sages en parler: C’est par l’Attention que la volonté s’empare de l’intelligence, qu’elle la fixe, la stimule, la dirige. A la croisée de l’intelligence et de la volonté, l’Attention est le point crucial de la conscience. (Lanza del Vasto)
L’attention joue un grand rôle dans la concentration. Elle est au fondement du vouloir. Convenablement guidée vers le monde interne, et pratiquant l’introspection, elle analyse les mouvements du mental et met en lumière des choses qui nous déconcertent… (Sivanandâ) Sans la coopération de l’attention, il n’y a pas de sensation. La distraction la supprime.
Un sujet peut être soumis à un nombre incalculable de sensations émanant de toutes parts. Pour que l’une d’elles puisse être amenée dans le champ de la conscience, il faut qu’il la choisisse à l’exclusion des autres. L’opération de perception consiste précisément à choisir une sensation particulière, empruntée à un tout, puis à fixer l’attention sur elle-même pour la faire sienne, soit comme objet particulier de la pensée, soit comme un champ particulier d’opération.
L’attention détermine donc l’intensité d’une force, comprenant le facteur de la vraie persistance. Elle conditionne tout ce qui émerge à la vie et à l’activité.
Vivre dans l’attention, c’est observer les modulations de l’énergie de la même manière qu’on regarde un objet familier au microscope pour le comprendre dans sa réalité complète ou saisir comment on l’avait perçu autrement qu’il n’est dans sa réalité. Dans l’attitude de l’observateur attentif, on se permet de dépasser sa subjectivité pour atteindre l’objectivité parfaite. Alors, on saisit le monde dans sa juste perspective comprenant qu’on le comprenait moins bien qu’on ne le pensait. En effet, jusque là, on observait ce qui se passait à partir de préjugés et d’habitudes qui ne permettaient pas de le capter dans sa juste perspective, de lui percevoir une dimension nouvelle, possiblement insoupçonnée.
Par l’attention, chacun peut percevoir le monde de l’énergie dans lequel il vit avec plus de clarté et de précision et il devient à même de comprendre ce qui influence vraiment son être.
Il parvient à discerner entre les éléments qui découlent de son propre système de croyances, des formes-pensées collectives, des vibrations télépathiques des autres et de la manifestation cosmique elle-même. Autrement dit, il se permet de prendre conscience de sa part d’inconscience pour plonger dans tous les mystères des énergies invisibles, qui s’expriment au-delà ou derrière le visible, en lui comme autour de lui. Alors seulement il peut se permettre de se rendre là où il le désire, dans la vérité, soit jusqu’à la maîtrise totale.
Nul ne peut nier que les cinq sens de l’homme lui fournissent une infinité de renseignements sur la vie, puisque nombre de ses manifestations les affectent. Mais ces sens sont trompeurs parce que partiaux et limités. En outre, le mental qui les interprète, plus qu’il ne les comprend, peut aboutir à des conclusions hâtives et partielles, voire complètement fausses, s’il ne les complète pas par l’intuition. Dans ce contexte, l’attention aide, en quelque sorte, à grossir les phénomènes pour en saisir de nouveaux détails, au niveau énergétique, de manière à faire le point, en prenant son temps pour le faire, afin d’obtenir de nouvelles perspectives dans sa conscience.
L’attention se porte souvent sur les mêmes phénomènes du monde que l’on croit connus et familiers, mais pour découvrir qu’on peut les pénétrer avec une nouvelle compréhension afin de pousser toujours plus loin ses secrets. Par elle, on cesse d’effleurer la surface des choses.
Car l’attention permet de faire affleurer à la conscience l’incidence réelle des phénomènes inconscients et subconscients. Alors, le microscope dont on se sert, c’est la conscience elle-même, apte, de façon innée, à centrer son attention sur ce qu’elle choisit d’approfondir. Ainsi, elle établit une pondération entre les données sensorielles et les facteurs intuitifs. Elle les perçoit à la fois par la perception extérieure et la perception intérieure, obtenant une perception plus complète, totalisante, unifiante. De ce fait, elle ne se sent plus limitée par les perceptions extérieures, découvrant qu’elle peut agir sur eux par l’intérieur.
En opérant à partir de son monde intérieur, au niveau des causes, la conscience peut changer les effets. Une partie du travail de l’attention consiste à percevoir l’énergie en écoutant ceux qui parviennent de son entourage et de son environnement, pour les séparer et préparer une réaction toujours plus adéquate à ces informations de source différente.
On distingue de mieux en mieux ce qui vient de soi et de l’extérieur. Si ces vibrations correspondent à sa recherche personnelle, on peut les amplifier, sinon, on peut les annuler ou s’en protéger. Il est fort utile de savoir amplifier les vibrations qui contribuent à son bonheur et à son accomplissement, mais il est pernicieux d’entretenir les vibrations qui s’y opposent. Il faut savoir qu’on n’est pas l’esclave des vibrations, qu’on peut les transformer à son gré, à son avantage et à celui des autres.
C’est par l’attention qu’un être se découvre un peu comme un poste de radio capable de capter les longueurs d’onde qu’il veut. En effet, ce qu’il reçoit dépend de ce vers quoi il porte son attention. Les phénomènes deviennent pour lui ce qu’il en pense, non ce qu’ils sont dans leur réalité, car c’est par la pensée qu’il s’exprime dans son univers, qui n’est rien d’autre qu’un système mental.
La manière qu’un être développe de percevoir, de juger, de réagir à ses pensées, crée sa réalité. Or cette réalité devient, à son tour, le fondement sur lequel il appuie ses décisions, écrivant lui-même la trame de sa vie. Chacun construit pour lui-même sa station émettrice, décidant du studio à partir duquel il veut émettre, de la fréquence sur laquelle il veut émettre, à partir de son récepteur qui n’est nul autre que son mental. Il émet sur la longueur d’onde de ses pensées habituelles.
S’il se familiarise avec ce fait, un être peut comprendre qu’il est responsable de tout ce qui lui arrive. Il peut encore comprendre qu’il n’est pas obligé de continuer à émettre te à recevoir comme il le fait. Comme il existe une infinité de réalités, il peut syntoniser celles qu’il veut. Il n’a qu’à centrer son attention sur une autre réalité ou qu’à changer la perception de la réalité sur laquelle il la centre.
N’importe quand, il peut porter son attention sur les messages qu’il veut recevoir et délaisser ceux qui ne l’intéressent pas. Il peut préférer choisir de porter attention aux messages qu’il désire, avec ses richesses, sur les fréquences qui le font avancer, le propulsent vers l’avant, le rendant toujours plus heureux. Il apprend à choisir ce qui l’harmonise et le fait grandir plutôt que le contraire. Nul ne peut obtenir le bonheur de son contraire. Alors, qui veut être heureux doit accorder son attention à ce qui le réjouit plutôt qu’à ce qui l’attriste et la maintenir là-dessus. Voilà comment il peut devenir plus
heureux et accroître le bonheur d’autrui.
Par l’attention, un être apprend à percevoir ce qui se passe en lui et à identifier les émissions qui proviennent des autres avec lesquelles il ne désire pas s’accorder parce qu’elles ne contribuent pas à son bonheur ni au bonheur collectif. Alors, il peut choisir de mettre un écran devant leurs émissions en se raccordant à des sphères plus élevées de l’Univers. Ainsi, il apprend à éveiller son intuition pour comprendre les événements à un niveau plus profond pour recevoir de plus haut les réponses à ses questions.
Simultanément, il développe le réflexe de chercher toujours le meilleur pour lui-même et pour les autres. Le plus ne peut provenir du moins ni l’inverse. L’être humain porte tout le savoir du Cosmos en lui-même. Et c’est par son attention qu’il y puise. Par elle, il peut éveiller progressivement son savoir endormi, faire revenir à sa conscience les informations dont il a besoin à chaque instant.
Voilà comment l’agir conscient devient sa façon de vivre.
Par l’attention, chacun peut apprendre à sentir l’énergie qui le traverse ou l’entoure. Or, un individu prend toujours ses décisions d’après le degré de conscience qu’il a acquis, donc selon la façon qu’il interprète ou comprend ces énergies. Il peut apprendre à mieux capter ces énergies dans leur réalité et à s’adapter en conséquence. La première qualité à développer, pour sentir l’énergie et s’harmonier à la vie, c’est l’attention silencieuse. Chacun crée en lui ce vers quoi son attention se porte, d’où la nécessité de la maîtriser, de la tourner uniquement vers ce qui assure son bien-être et son évolution.
© 2009 Bertrand Duhaime (Douraganandâ)
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