Les 138 portes de la sagesse - Porte 5
Rabbi Moshé Cordovéro en conclusion dit que "les deux avis sont justes". Les Séphirot étant et divin et instrument.
Le Ari Zal est allé selon cette voie, tantôt les Séphirot sont d'ordre du divin tantôt c'est de l'ordre des Kélim (receptacle). C'est en même temps Or (lumiere) et kéli. Ici, le Ramh'al fait aussi cette démarche. Tantôt il parle de divin et tantôt il parle de création de D-ieu. Lorsque l'on parle d'émanation, c'est la même chose que D-ieu en vérité comme la lumière du soleil ne provient que du soleil donc c'est le soleil. On ne peut détacher les Séphirot de D-ieu. Le Ramak donne l'exemple du charbon et de la flamme. Ici dans cette idée d'expansion, le Ramh'al parle du côté divin des Séphirot.
Le terme de ''émanation'' ou ''illumination'' est un terme utilisé par défaut car il n'y a aucun terme pour désigner la divinité mais nous sommes obligés de lui donner un nom, nous allons choisir le terme qui est le moins éloigné. Pas le plus proche car tous les termes sont éloignés car matériels. Donc il n'y a pas d'autre choix que d'appeler les Séphirot: ''émanations''. Mais il faut savoir qu'elles ne ressemblent pas à une illumination. Lorsque nous exprimons la notion de voir c'est en fait la notion de compréhension que j'exprime par ce terme. C'est cela la définition d'une vision.
Les Séphirot ont un potentiel d'être vu, ce n'est pas obligatoire car il y a des Séphirot qui ne sont perceptibles par personne même par les anges ou par les âmes mais elles sont aptes et si elles ne sont pas visibles, cela ne veut pas dire qu'elles ont été réduites. L'idée d'être perceptible ou pas ne change rien à leur nature. Le fait de les percevoir est une possibilité mais pas une nature. On ne connaît pas leur nature mais on sait qu'elles peuvent être vues. Par exemple, la Guévoura peut être perçue par le moyen de l'or. Celui-ci peut définir la Guévoura. Le taureau aussi. Mais cela ne veut pas dire qu'il y a de l'or ou un taureau dans les mondes spirituels. Il y a une force qui se traduit dans un monde comme l'or ou comme le taureau. Cette Séphira de la Guévoura peut aller aussi dans la couleur rouge. Il y a plusieurs expressions de chaque Séphira. Mais sa véritable nature ne peut être saisie. Et même si elle ne se révèle pas, cela ne réduit rien à sa qualité et à sa nature.
Lorsque nous disons qu'il y a la possibilité de les voir, ce n'est pas du fait de leur nature. La Séphira n'enferme pas la possibilité d'être vue. Qu'est-ce qui lui donne alors cette possibilité d'être vue? C'est la volonté de ce qui fait agir la Séphira. La volonté de D-ieu qui fait qu'il y a la possibilité de percevoir une Séphira. La vision qui reflète de la Séphira n'est pas inhérente à la Séphira mais si l'on peut dire, elle n'est là que par accident. La vision est rattachée à sa volonté divine mais non à la nature de la Séphira. Ce n'est pas comme le diamant qui reflète une brillance qui est elle dans sa nature.
Pourquoi ne peut-on dire que la vision qui est perceptible de la Séphira, provient de la nature même de la Séphira? Car si elle était inhérente dans sa nature, alors il faudrait dire que les Séphirot ne sont pas nouvelles et nous savons que les Séphirot sont nouvelles. On arrive apparemment à une contradiction. Si nous disons que les Séphirot sont de l'ordre du divin, comment peuvent-elles être nouvelles? Ce qui est nouveau est créé et D-ieu est ''ancien'' et donc son émanation est ancienne comme lui. Comment peut-on dire alors que les Séphirot sont nouvelles? Car si nous disons que la vision des Séphirot est ancienne comme lui, comment se fait-il que l'on puisse voir un taureau maintenant? La vision devrait être toujours présente. Alors qu'est-ce qui est nouveau et ancien dans la Séphira? Qu'est-ce qui va être créé maintenant par D-ieu? Car nous avons dit que les Séphirot sont en même temps lumière divine et Kéli. On peut déjà répondre que le Or de la Séphira, son intériorité est de l'ordre du divin, c'est une expansion de la divinité qui se révèle. Par contre le Kéli est nouveau, à savoir la révélation. La Séphira de la Guévoura va s'exprimer à travers l'or, à travers le rouge. La Séphira du H'essed par le blanc. Cela est nouveau car il y a une Séphira du H'essed sans la couleur blanche. Elle a toujours existé, elle n'est pas nouvelle. Il y a une Séphira de Guévoura qui est maintenant rouge mais il y a la Guévoura sans le rouge. Le rouge, le taureau ou le blanc ne sont que les révélations des Séphirot. Le Ramh'al nous apprend ici que le Kéli c'est le révélateur mais la nature de la Séphira ne peut être saisie car c'est une divinité totale.
Si la perception de la Séphira était inhérente à elle-même, elle aurait dû toujours être là. Donc il faut dire que l'intériorité de la Séphira est divine et donc sans nouveauté. Seulement qu'est-ce qui donne la possibilité d'être perçue? C'est la volonté et elle leur a données ce qu'elle veut leur donner au moment du Tsimtsoum.
La nouveauté est le dévoilement au niveau des receveurs. Le Kéli est en fait un dévoilement pour le réceptacle. Le receveur va recevoir à partir d'une action à partir de la Séphira. La Séphira est divine mais ce qui va être perçu de la Séphira, n'est pas de l'ordre du divin. Il est en fonction de celui qui va recevoir. C'est moi qui voit l'or, le taureau le rouge...l'eau, la terre et les couleurs. Toutes ces perceptions ne sont que des nouveautés (ma propre perception, à partir de mes récepteurs ) à partir de ce qui est ancien. Ce qui est ancien m'échappe car c'est du niveau de la divinité par contre ce qui va être perçu qui est l'expression de la Séphira n'est que le Kéli, le révélateur de la Séphira. Donc lorsque l'on parle des Séphirot, on ne parlera que de ce qui va être dévoilé de la Séphira, de ce qui va être exprimé à partir de la Séphira. Donc nous allons parler de la Séphira en tant qu'instrument, en tant que Kéli et jamais de la Séphira en tant que divin car elle reste comme la divinité, imperceptible. Donc on peut appeler les Séphirot comme une lumière qui est émanée car c'est quelque chose qui reflète à partir de lui. Et nous, nous recevons à partir de quelque chose qui est ancien et ce que nous percevons est nouveau, c'est sa révélation. Au début il y a ce pouvoir infini que l'on appelle le ''Eïn Sof'', l'infini divin et maintenant il y a quelque chose qui se révèle de lui et cette même lumière qui se révèle de lui, se révèle par gradation donc de manière évolutive. Et c'est cela, les Séphirot, une gradation au niveau de la révélation qui va se révéler de lui. C'est ce que l'on appelle le <Tsimtsoum>.
Donc nous avons le <Eïn sof-gradation-Séphirot> le Ari Zal les appelle <Eïn sof-Tsimtsoum-Séphirot>. Au début il y a le ''Eïn sof'' qui est insaisissable, c'est le pouvoir absolu qui se révèle en agissant d'une manière évolutive donc graduelle, ce qui permet de percevoir ses actions. D-ieu a créé le monde en dix actions. Car si l'action se passe d'un coup, elle n'est pas perceptible. Seule la gradation permet de percevoir une action. Toute la notion de Daat n'existe que parce qu'il y a une gradation, une énergie évolutive. Mais il faut le Daat pour arriver à la fin à la notion d'annulation.
Donc nous pouvons appeler les Séphirot, ''Or émanée''-''lumière émanée'' de lui, de l'insaisissable, imperceptible, provenant du pouvoir infini qui se révèle, les Séphirot étant la révélation de l'infini grâce au Tsimtsoum, cet acte qui est graduel.
Le Eïn sof ne se révèle jamais mais les Séphirot ont ce caractère de se révéler. Elles se révèle par la force de la volonté de D-ieu. Le Eïn sof n'a pas ce potentiel et donc c'est quoi le ''Eïn sof? C'est le ''sans fin'' ce n'est pas l'infini. C'est une définition par le négatif, nous définissons par ce qu'il n'est pas. Ce qu'il est nous ne savons pas alors nous retirons l'interprétation que nous pouvons lui donner. Nous ne pouvons parler de sa lumière car il n'y a aucun mot qui puisse exprimer l'illimité, on va lui donner quand même une définition approximative en retirant si l'on peut s'exprimer ainsi ce que l'on pouvait lui prêter et on va l'appeler le <Eïn sof>. Nous voulons retirer toute mesure à ce qui est avant la création. Nous pensons tous avec une fin. Une définition est en elle-même une limite, une fin.
Les Séphirot sont le moyen de percevoir l'imperceptible et tout ce qui est perçu vient des Séphirot. Toute la perception de la création ne procède que des dix Séphirot. Mais ce qui est de l'ordre d'avant la révélation, s'appelle le <Eïn sof>.
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