dimanche 24 janvier 2016

Le serpent d'après Ibn Arabi


L’ouvrage de Charles-André Gilis, « Aperçus sur la doctrine Akbarienne des Jinns« , aux éditions Albouraq, est constitué de deux études destinées aux « musulmans africains de race noire » selon la quatrième de couverture.
Il évoque le conflit et l’assimilation de l’Islam au Soudan au premier siècle de l’Hégire, qui donna lieu à « l’islam noir ». Cela conduit l’auteur à rapprocher ces deux traditions en évoquant leur point commun : leur référence au « monde intermédiaire » (barzakh) et au « Centre suprême ». L’ésotérisme de ces traditions est commun, car il est le noyau de la religion. L’auteur considère ainsi l’Islam comme un « rappel » de cette tradition identique, qu’Ibn Arabi a « formulé de manière complète ».

Première étude : Aperçus sur la doctrine akbarienne des Jinns

L’auteur explique que ces êtres ont mauvaise réputation mais que cependant, « l’intérêt qu’ils présent pour les sciences ésotériques est considérable. Ils constituent un des degrés fondamentaux de la manifestation universelle, entre les anges et les hommes. » (p.15) L’auteur donne ensuite la signification du terme « Jinn ».
Ce terme vient d’une racine qui signifie « caché aux regards » (ex: Junna=Bouclier).
En effet, tans une conception traditionnelle corps/âme/esprit, les hommes se manifestent en tant que corps, et les Jinns se manifestent en tant qu’âme, dans un état subtil qui est invisible pour le commun des mortels : « Ils circulent à l’intérieur des Fils d’Adam de manière insensible, comme le sang« .
Dans le Coran, le terme « jinn » désigne aussi l’intériorité de l’homme, au contraire de l’extérieur désigné par « ins ». « Allâh le Très-Haut a créé les esprits du feu et de la lumière, c’est-à-dire les jinns et les anges, et les a associés dans le fait d’être cachés aux yeux des hommes, bien qu’ils soient présents parmi eux. Où qu’ils se trouvent, Allâh a placé entre eux et les regards des hommes un « voile caché » de nous : les « jinns » sont les êtres cachés de nous par ce voile; nous ne pouvons les voir, sauf quand ils veulent se manifester à nous. C’est pour cela qu’Allâh a nommé ces deux catégories d’esprits : « jinns », c’est-à-dire « cachés de nous » et invisibles pour nous. » (Cor., 37, 158)
« Jinn » signifie donc ce qui n’est pas manifesté, ce qui concerne le monde de l’âme, et donc également les êtres qui occupent ce monde « parmi nous », composé de matière subtile invisible.
L’auteur explique qu’ensuite, comme les Jinns ne sont cependant pas entièrement spirituels, on les associe aux hommes dans la catégorie des « êtres lourds » (ath-thaqalân).
C’est-à-dire que les Jinns vivent aussi dans un monde composé des quatre éléments, cependant ils sont plus « légers » que les hommes.
Les jinns sont essentiellement « air et feu » tandis que les hommes « terre et eau ».
Il s’agit d’un degré de réalité différent, d’un point de vue cosmologique.
L’auteur détaille ensuite ces différentes constitution et l’origine mythique de chacun des types d’êtres. « La doctrine akbarienne rejoint ici celle du Sânkhya dans l’hindouisme, où la procession des tattwas (qui sont les « degrés du cosmos ») est envisagée à partir du Prakriti. » (p.31)
jinns symbole
Reprenant le modèle de la division tripartite Esprit/Âme/Corps, l’auteur explique que l’âme correspond au feu.
Les jinns constitués de « feu » sont donc dans ce monde intermédiaire entre l’esprit et la matière. Ils sont à la fois proches des anges et des humains. « Ils sont invisibles et peuvent prendre de multiples formes. » (p.34) Certains Jinns seraient alors plus matériels tandis que d’autres plus spirituels.
Les premiers sont « ceux qui ont commerce avec les hommes : leurs lieux de résidence sont connus et ils sont habituellement considérés comme « dangereux »; ils peuvent se marier avec les êtres humains, négocier et conclure des alliances avec eux; ils ont le pouvoir de les servir ou de leur nuire; ils peuvent être guidés par eux dans la voie de l’islâm et rechercher la compagnie des saints; enfin, ils peuvent former des armées et combattre pour les hommes; cela est avéré dans l’histoire des peuples négroafricains et confirmé dans le Coran à propos de Sulaymân :
« On rassembla pour Sulaymân ses armées composées de jinns, d’êtres humains et d’oiseaux » (p.35) L’auteur note en bas de page que les « armées du roi forgeron Soumaworo Kanté étaient des armées de jinns« .
Dans le chapitre suivant, Charles-André Gilis montre en quoi le fait que les Jinns soient composés de feu pose problème : « c’est le feu qui engendre la recherche du pouvoir contraignant, de la domination et de la puissance, car c’est l’élément qui occupe la place la plus élevée » (p.38)
C’est pourquoi Iblis ne s’est pas soumis, il disait que comme il était créé de feu, il était nettement meilleur que l’homme créé d’argile.
Cependant, l’eau d’Adam a allégoriquement la capacité d’éteindre le feu des Jinns, et la terre est plus stable. L’auteur reviendra longuement dans les chapitres suivants (p.54 sqq) sur la prééminence de l’eau : « le secret présent dans la force de l’eau était caché [à Iblis] » (p.54)
L’eau, passif et associé à la féminité, serait plus fort que le feu. (p.58)
Bien sûr, tous les éléments doivent être réunis pour former ce qu’en alchimie on appelle « eau de vie », « eau de feu », « feu liquide », etc (p.61).
Ibn Arabî conseille donc à quiconque de ne pas chercher la compagnie des Jinns.
L’homme avisé doit fuir les jinns. Ils se mêlent constamment de tout et ils sont « les plus ignorants au sujet d’Allâh ». Si l’on transpose le discours d’Ibn Arabî à notre époque, on pourrait penser qu’il s’adresse à ceux qui cherchent à « contacter les esprits » ou faire du « channeling » sans précaution :
« Celui qui les fréquente imagine qu’ils peuvent le renseigner sur les êtres qui sont dans le cosmos et sur le devenir du monde, alors qu’ils ne font que reproduire ce qu’ils ont pu entendre et dérober au Plérôme supérieur; il imagine qu’il s’agit d’un don qu’Allâh leur a conféré, alors qu’il n’en est rien ! On n’a jamais vu personne fréquenter les jinns et obtenir d’eux une science quelconque au sujet d’Allâh. Il n’y a à cela aucune exception. La plus haut préoccupation de esprits d’entre les jinns, et le meilleur qu’ils puissent donner, c’est la science relative aux propriétés des plantes, des arbres, des noms et des lettres, qui relèvent de la magie (sîmîa). » (p.41)
Ibn Arabî indique ensuite que ceux qui communiquent avec les jinns deviennent orgueilleux et méprisants.
Comment donc se manifestent les jinns ? « Ils peuvent revêtir toutes les formes sensibles qu’ils désirent. » Leur nature est instable, « comparable à celle des formes engendrées par l’imagination. » (p.45)
On évoque parfois des « tourbillons de vapeurs et de fumées » (à ce propos, des petites tornades sont rapportées par certains abductés lors de rencontres rapprochées, et Castaneda décrit la venue des êtres inorganiques par le vent, un courant d’air, un tourbillon). La nature « aérienne » des jinns les rapproche à nouveau de ce monde intermédiaire, l’air dans les doctrines hindoues étant le domaine psychique ou la manifestation subtile (René Génon).
Le symbole géométrique du monde intermédiaire est l’octogone, et le nombre huit est fondamental dans de nombreuses traditions (y compris celle du Wagadu).
Charles-André Gilis revient à nouveau, vers le milieu du livre, sur l’importance de l’eau et de la femme.
Selon Ibn Arabi en effet, « Il n’y a, dans tout le monde créé, aucune force plus intense que celle qui procède de la femme; et cela à cause d’un secret que connaissent uniquement ceux qui savent en quoi le monde a été existencié et par quel « mouvement » Dieu l’a existencié. Il est le produit d’un couple de prémisses.
Ce qui recherche l’union est demandeur et le demandeur est dépendant; ce qui est recherché pour l’union est demandé, et ce qui est demandé détient la force à l’égard de ce qui a besoin de lui.
Le désir ardent (de celui qui demande) est irrésistible. Telle st la situation de la femme au sein de l’existence; telle est la Dignité divine qui la concerne en propre; telle est la cause de la force qu’elle détient. » (p.66)
Puis l’auteur note que bien que cette fin de cycle corresponde à un « obscurcissement », « les démons ne peuvent rien contre cette « force intense qui procède de la femme » (sakîna ou Shéhina en hébreux) qui est une présence victorieuse et pacificatrice dans le coeur des vrais croyants. »

Tlazolteotl, déesse des sorcières tenant le serpent rouge
Tlazolteotl, déesse des sorcières tenant le serpent rouge

Après avoir abordé dans plusieurs chapitres des points de la doctrine d’Ibn Arabi à propos de la nature de la réalité, l’auteur cite des anecdotes rapportées par Ibn Arabi à propos des jinns.
L’une d’elle évoque un bûcheron qui avait tué un serpent, et qui a été enlevé par les jinns qui l’accusèrent d’avoir « tué le fils de notre oncle paternel ».
L’Envoyé d’Allâh intervient alors en prenant la défense du bûcheron : « Si l’un d’entre vous prends une forme autre que la sienne et est tué dans cette forme, cela ne donne lieu, ni à l’application du talion, ni au prix du sang. »
Ici, un jinn s’était donc transformé en serpent. On peut penser ici au bâton de Moïse qui s’est transformé en serpent. On retrouve également chez les Aztèque cette association entre le bâton et le serpent.
« C’est la même doctrine, celle du barzakh suprême et du renouvellement de la création à tout instant, qui rend compte de l’aspect principiel dont procèdent aussi bien les jinns que le serpent primordial.
Par ailleurs, les peuples noirs de l’Afrique subsaharienne, qui ont recueilli de longue date une partie de la tradition égyptienne, sont aujourd’hui presque totalement islamisés. Les jinns manifestent dans cette région une omniprésence constante et l’on y trouve de très nombreux récits qui relatent leurs relations avec les hommes. » (p.91)
L’auteur indique en note de bas de page :

jinns mali
Youssouf Tata Cissé et Wâ Kamissoko – Soundjata, la gloire du Mali.

« Indiquons, à titre d’exemple, le cas du chef des jinns Shamharûsh, qui a été mentionné plus haut. Dans une lettre inédite, datée du 14 juillet 1937, René Guénon écrit :
« Shamharûsh n’est ni un ange ni un archange,c’est le roi des jinns mu’minîm (croyants), ce qui est tout différent; quand à l’origine de son nom, je n’en ai jamais vu aucune explication.
Il paraît d’ailleurs qu’il est mort (passé à un autre état) et que le roi actuel est Maimûn, si bien que nombre de magiciens qui ignorent ce changement s’entêtent à répéter en vain des formules qui ont perdu toute efficacité ! »
Il n’est pas sans intérêt de signaler que le nom de Shamharûsh est connu tout aussi bien au Maghreb que dans la région soudanaise et que les récits circulant dans cette région mentionnent le mariage d’une « Maïmûna, fille de Shamharûsh » avec un important « génie tutélaire » survenu en 1922 ou 1923 sur les bords du fleuve Niger. »
Puis l’auteur indique :
« A ce propos nous ferons l’observation suivante. L’expansion ancienne de l’islâm a entraîné des contacts entre les représentants d’organisations relevant du tasawwuf et ceux des élites négro-africaines. On peut tenir pour assuré qu’il y a eu, là comme ailleurs, une histoire secrète dont la connaissance permettrait seule d’éclairer et d’interpréter les événements extérieurs. » (p.92)
L’auteur évoque par-là des influences égyptiennes et nubiennes sur la tarîqa shâdhûlîyya. René Guénon note que son fondateur Seyidi Abul-Hassan Esh-Shadhili a transmuté en or pour le sultan d’Egypte une grande quantité de métaux, uniquement avec sa « barakah« , son influence spirituelle.
(Wikipédia : Abou Hassan al-Chadhili (أبي الحسن الشاذلي), surnommé Sidi Belhassen Chedly, né vers 1197 au Maroc et décédé en 1258 en Égypte, est un saint musulman d’origine marocaine. Surnommé l’« imam des croyants », il fonda l’ordre soufi de la Chadhiliyya.)

« Depuis des millénaires, le chamanisme figure parmi les médecines les plus ancestrales, mais aussi parmi les premiers moyens que l’homme a développés pour contacter le Sacré !

Pour ce voyage initiatique « en pays Chamans », nous vous invitons au Maroc, à la rencontre d’un homme exceptionnel : Abdellah
Contraint d’accueillir le don qui lui a été fait, Abdellah se plaît à défier les reptiles les plus dangereux au monde ! Mais vaincre les serpents n’est pas son seul pouvoir.
Lorsqu’on le sollicite, Abdellah le Chaman vient au secours des hommes pour les soigner, établit la source surnaturelle du mal par la divination, et accomplit lors de rituels spectaculaires appelés « Lila » les rites nécessaires à l’apaisement des Djinn, les esprits maléfiques qui investissent le corps des hommes ! Les Djinn sont des entités mystérieuses, insaisissables, qui partagent le monde terrestre avec les humains, exerçant sur ces derniers leurs pouvoirs pernicieux !
Qu’elles soient chauffeur de taxi, pharmacien ou mère au foyer, pourquoi les personnes que nous avons suivies envisagent-elles de se soigner en se tournant vers le chamanisme et la transe ? »

Seconde étude : L’homme fut serpent autrefois

jinns ghana
Cette seconde étude porte davantage sur les doctrines traditionnelles africaines. L’auteur indique que « [René Guénon] ne pouvait ignorer un texte […] sur l’empire noir du Wagadu, fondé et dirigé par l’élite des clans soninké […] dont le « centre permanent » dont dépendait l’empereur (le « maître de l’or ») et l’ensemble de la tradition impériale, était régi précisément par un « homme-serpent » que les Soninké appellent « le Bida« .
Puis l’auteur, sur la base des travaux de Guénon sur Set/Sheth, relie l’Homme Primordial, l’Adam Qadmôn, au serpent.
En effet le serpent a certains aspects bénéfiques, notamment en Ancienne Egypte (Kneph, produisant l’Oeuf du Monde, symbolique du Verbe, etc). Il génère la manifestation, il est « productif », il est à l’origine du monde visible.Le serpent est relié à l’idée même de « vie ».
L’auteur mentionne ensuite les gnostiques Sethiens et Ophites (serpent=ophis). L’auteur pense donc que la tradition impériale du Wagadu a des origines atlantéennes, comme l’hermétisme égyptien. Comme ces civilisations auraient dégénéré depuis l’époque atlante/druidique, le symbole du serpent aurait pris des connotations négatives et magiques qui n’étaient pas forcément présentes à l’origine.
En effet, en Afrique, le serpent est aussi associé à l’arc-en-ciel. Le serpent est à la fois maître du ciel et de la terre.
« L’homme-serpent » Bida habite une sorte de puis situé au centre d’un réseau de galeries souterraines qui évoque le symbolisme du labyrinthe, il apparaît essentiellement comme le maître de la pluie et d’un « or » qui vient du Ciel.
L’origine et la nature céleste de l’or du Wagadu sont indiscutables ; la meilleure preuve en est que, selon les récits mythiques des Soninké, l’or ne devint souterrain qu’après la rutpure du pacte avec le Bida, qui entraîna la fin de l’Empire noir » (p.109)
Ensuite, Charles-André Gilis relie ce « roi-serpent » des Wagadu au « Dieu d’eau » des Dogons.
En effet, l’eau et le serpent sont tous les deux représentés par une ligne ondulée. Ils symbolisent la force vitale, la puissance créatrice (comme la kundalini). Marcel Griaule qui a étudié les Dogons explique que les jumeaux Nommo étaient un « couple né complet et parfait; par ses huit membres, son chiffre était huit, symbole de la parole. » Ils ressemblent également à Fo-Hi en Chine (Fuxi).
»L’homme fut serpent autrefois » signifie que, dans les enseignements ésotériques où le Verbe est conçu comme un « serpent divin », l’homme primordial est nécessairement perçu étant lui-même de nature ophidienne, car, avant la chute, « il n’avait pas d’articulations »; et ce n’est qu’après avoir été « foudroyé par le Nommo » que l’ancêtre détenteur de la norme primordiale se retrouvait « bras et jambes brisés, à hauteur des coudes et des genoux qu’il n’avait pas jusque là. »
De la même manière qu’Adam, dans le récit de la Genèse, est désormais obligé de « gagner son pain à la sueur de son front », de même l’homme déchu issu de l’homme-serpent « reçoit les articulations propres à la nouvelle forme humaine qui allait se répandre sur la terre et qui était vouée au travail ».
C’est en vue du travail que le bras de l’homme s’est plié, car « les membres souples étaient impropres aux tâches de la forge et des champs. Pour frapper le fer rouge et pour creuser la terre, il fallait le levier de l’avant-bras. » (p.112-113)
Le serpent est donc relié à la nature subtile du corps humain, l’âme dansante, qui a subi un « processus de solidification » qui a eu pour effet « d’atrophier les facultés subtiles des hommes« .
L’auteur ajoute : « Une des caractéristiques fondamentales de la race noire est d’avoir été moins atteinte que les autres par ce processus, d’où la difficulté insurmontable qu’elle éprouve à trouver sa place dans le monde moderne et le rôle ambigu qu’elle joue en son sein« . (p.115)
Le processus alchimique consisterait donc à retrouver la nature serpentine de l’homme. L’auteur évoque que le suaire du Kaya-Magha (le Maître de l’Or) était un tissu évoquant par sa couleur et sa forme la peau d’un serpent. Il relie donc ce symbolisme du tissage et tressage au culte du Bida.
Les Soninké appellent « tisserande du Grand Ciel » l’araignée, et on peut faire des liens entre le Tantra (=tissu), le fil en alchimie (Ariane), et cette élite Wage spécialiste du tissage. Après de nombreux rapprochements avec l’hindouisme, l’auteur ajoute :
« le serpent est le symbole et le maître par excellence de la science des lettres et des mantras (appelée au Soudan la « langue noire », c’est-à-dire secrète). »
Puis revenant sur Sheth, l’auteur écrit :
« Selon Jandî, dans son commentaire des Fûsus, Shîth (Sheth) « est le premier homme à qui ont été révélées les sciences des « dons traditionnels », celles des esprits et des anges qui ont pour fonction particulièrement de soumettre, d’influencer et de gouverner les êtres au moyen des Noms, des Lettres, des Mots et des Versets » (Cf. Le Livre des Chatons des Sagesses, p.94)
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